Yaoundé, Cameroun, le
22 octobre 2013 – Au Bénin, des chercheurs mesurent l'effet de la radio rurale
sur l'adoption des technologies rizicoles par les paysans et l'amélioration de
la productivité.
Les résultats partiels
de leur étude ont été présentés au cours d'un panel de discussion sur les
systèmes d'innovation et outils TIC pour le développement de la chaîne de
valeur du riz, à l'occasion du 3ème Congrès du riz en Afrique
qui se tient (21-24 octobre 2013), à Yaoundé, au Cameroun.
Le manque d'accès aux
informations sur les technologies agricoles réduit la capacité de nombreux
petits exploitants agricoles africains d'utilisation de ces outils pour
accroître leurs rendements et leurs revenus.
Tebila Nakelse, assistant
de recherche à AfricaRice au Bénin explique que l'objectif de l''étude est
d'évaluer l'influence de la radio sur l'adoption des technologies
agricoles e la productivité des exploitants agricoles.
L'étude pilote qui a
eu lieu entre 2009 et 2010, concerne 650 ménages agricoles
du Burkina Faso. Les résultats montrent que l'écoute de la radio
améliore significativement l'adoption (environ 20%) de la technologie rizicole
et par ricochet la productivité des exploitants agricoles de l'ordre également
de 20%.
Selon Nakelse, la
radio est un outil qui permet d'accélérer la réception de l'information dans la
mesure où les populations ont accès facile à ce média.
« Nous avons pu
identifier que l'écoute des informations sur l'agriculture prédispose les
paysans à pouvoir mieux adopter les meilleures technologies agricoles.
L'adoption permet aussi de pouvoir améliorer la productivité des paysans qui
gagnent beaucoup de revenus à la vente de leur production», a dit Nakelse.
« Nous avons
constaté que l'écoute de la radio a une effet positif et significatif de
l'ordre de 20 % sur l'adoption des technologies par les paysans. Une fois que
la technologie a été adoptée par le biais de la radio, la productivité aussi
s'ensuit. La radio peut être un canal important pour aider les populations à
adopter les meilleures technologies afin de pouvoir augmenter leurs revenus au
niveau de leur communauté », a ajouté Nakelse.
Pour Amadou Soulé
Alassane Mané, Ingénieur agronome et conseiller technique à l'Union régionale
des producteurs du Borgou/Alibori (Nord du Bénin), les technologies de
l'information et de la communication (TIC) constituent une alternative pour
davantage renforcer le travail classique de la vulgarisation telle qu'elle est
mise en œuvre aujourd'hui. Mais, il avertit qu'il faut être prudent pour ne pas
les systématiser car il existe des risques auxquels il faut mettre des
garde-fous.
« Pour faciliter
l'adoption des innovations, il faut faire un travail qui permette
d'augmenter la capacité de ces médias a effectivement atteindre une couche plus
grande au niveau du monde rural », a indiqué Alassane Mané.
« Il serait
important de mettre des mécanismes qui permettent d'apprécier la qualité des
informations véhiculées dans ces médias », a-t-il précisé.
Dans de nombreux pays
africains, le monde rural connait un déficit d'encadrement mais les encadreurs
qui travaillent encore sur le terrain aux côtés des paysans n'ont pas les
outils nécessaires pour animer des émissions radiophoniques de très bonnes
qualités, a dit Alassane Mané
« L'option est
intéressante mais il nécessite un système intégré pour mieux le penser
afin d'atteindre l'amélioration de la productivité dans les milieux ruraux à
travers l'amélioration du niveau d'adoption des technologies » conclut
Alassane Mané.
Christophe D. Assogba, depuis Yaoundé