Son nom rime avec “espoir” et elle en est bien digne. Mme Espérance Zossou
est une jeune béninoise doctorante au Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice)
qui a à son actif de nombreux prix scientifiques dont celui du « Jeune chercheur
le plus prometteur » reçu lors du Congrès du riz en Afrique en 2010. Son
ambition est d’exceller dans le domaine de la recherche et de mettre son savoir
au service de son pays.
Mais pour en arriver là, elle a dû surmonter de nombreux obstacles étant
donné qu’elle a grandi dans une société traditionnelle qui accorde beaucoup
plus d’importance aux garçons qu’aux filles. « Mes parents étaient peu
considérés dans notre communauté car ils
n’avaient que des filles » raconte-t-elle.
« Cependant, mes parents, tous deux intellectuels, nous ont toujours inculqué
la notion d’égalité entre garçons et filles dans tous les domaines, notamment
l’éducation ». Aujourd’hui, ses parents ainsi que toute sa communauté,
sont fiers de ses réalisations.
Les études de master d’Espérance sur « les innovations technologiques,
institutionnelles et organisationnelles déclenchées par une vidéo de
paysan-à-paysan sur l’étuvage du riz dans le centre Bénin, ont permis de
montrer l’importance des vidéos dans la formation rizicole pour le renforcement
de l’apprentissage, des liens et des institutions rurales.
Ces travaux lui ont valu une bourse de la Coopération technique Belge (CTB),
Bénin, pour poursuivre ses études de doctorat sur le « Rôle des outils de
communication (vidéo et radio rurale) dans la transformation locale du riz et
les impacts sur les moyens d’existence et les marchés ruraux ».
AfricaRice est fier d’avoir appuyé des femmes intellectuelles de la trempe d’Espérance.
Au cours des dernières années, le Centre
a apporté son aide à Dr Khady Dramé et à Dr Yonnelle Moukoumbi, toutes deux
lauréates du programme L’Oréal-UNESCO pour les femmes dans les sciences.
Le Centre est activement engagé dans le programme « Femmes africaines
dans la recherche et le développement agricoles ». Il coordonne
également les Bourses mondiales pour la science rizicole (GRiSS) en Afrique qui
offre aux jeunes Africains, y compris aux femmes, l’opportunité de devenir
experts dans une discipline scientifique
et d’avoir une compréhension plus élargie des obstacles qui affectent la
science rizicole pour le développement.
Le nouveau plan stratégique d’AfricaRice prévoit davantage de renforcement
des capacités de recherche en Afrique d’ici 2020, grâce à des bourses en
doctorat et en Master (au moins 30 bourses par an, dont le tiers accordé aux
femmes, un pourcentage qui avait déjà été atteint par AfricaRice en 2010) et
des formations dans des domaines spécifiques à travers des stages et des
formations de groupe.
« Ces efforts de renforcement des capacités permettront de façonner une
nouvelle génération de chercheurs et d’agents de vulgarisation rizicoles, au
moins 30 % de femme en Afrique » a indiqué Dr Marco Wopereis, Directeur
général adjoint.
Mettant l’accent sur l’urgence de tels efforts, il a souligné qu’une étude
menée en 2008 dans les 22 pays membres d’AfricaRice à l’époque, a révélé que
seulement 250 à 275 chercheurs, dont seulement 15 femmes, étaient impliquées dans
une certaine mesure dans la recherche rizicole.
« En célébrant aujourd’hui les réalisations des femmes à l’occasion de
la Journée mondiale de la femme, nous espérons avoir plus de femmes chercheurs
comme Espérance en Afrique pour nous aider à aborder les importantes questions relatives à la sécurité alimentaire, au développement
pacifique et à la réduction de la pauvreté sur le continent » a déclaré Dr
Rita Agboh-Noameshie, chercheur et responsable du Groupe d’action Genre dans la
recherche et le développement rizicoles à AfricaRice.
Le Groupe d’action Genre est en train de mettre en œuvre un programme de
renforcement des capacités intégrant le genre pour les points focaux genres nationaux
et les acteurs pertinents de la filière riz en vue de renforcer leurs capacités
à faire face efficacement aux défis liés au genre dans les activités de R&D
rizicoles.
« Bien que les femmes sont très impliquées dans les activités rizicoles
dans les systèmes traditionnels de riz pluvial, de mangrove et de plateau en
Afrique, il y a très peu de femmes chercheurs.
Il y a donc un grand risque de laisser échapper les perspectives plus larges requises
pour le développement des technologies adéquates pour avoir un impact concret » a expliqué Dr
Agboh-Noameshie.
« Le Groupe d’action Genre va offrir aux
jeunes femmes chercheurs prometteuses davantage de possibilités de poursuivre
leur carrière dans les sciences agricoles » a-t-elle ajouté.