AfricaRice tient
compte des besoins et des préférences spécifiques des femmes et des hommes impliqués
dans la chaîne de valeur du riz pour la mise au point des technologies
rizicoles pour parvenir à un développement équitable et durable. Cette approche
a été adoptée en vue d'aborder la question des écarts entre les genres en
termes d'accès aux technologies et aux connaissances rizicoles améliorées.
Pour célébrer la
Journée internationale des droits de la femme 2020 (8 mars), la présidente du Comité
des Programmes du Conseil d'administration, le Directeur général et des représentants
du personnel de recherche d'AfricaRice partagent leurs points de vue sur la
manière dont la recherche peut contribuer à l'égalité des genres et à
l'autonomisation des femmes.
Inclure une dimension genre dans la
recherche
[La nécessité
de mettre au point des technologies agricoles sensibles au genre pour l'autonomisation économique des agricultrices et des
transformatrices]
À Bukan Sidi, dans l'État de Nasarawa, au Nigeria, l’activité d'étuvage
du riz était traditionnellement dominée par les hommes. Cette situation a
changé lorsqu'un système d'étuvage du riz amélioré et adapté aux femmes, appelé
GEM, a été introduit par AfricaRice par le biais du projet financé par la
Banque africaine de développement (BAD) : « Appui à la recherche
agricole pour le développement des denrées stratégiques en Afrique (SARD-SC) ».
La GEM a aidé les transformatrices de riz de la région à générer des revenus.
Plus de 1 000 transformatrices ont été formées à l'utilisation de cette technologie.
Subséquemment, les femmes de Bukan Sidi produisent et vendent maintenant du riz
de bonne qualité en utilisant la GEM et gagnent de l'argent. Une de ces femmes
m'a dit : « je suis heureuse maintenant car je peux obtenir plus
d'argent en étuvant le riz, et le dépenser pour ma famille. Maintenant, mon
mari me demande mon avis avant de prendre une décision concernant la
famille ». L'autonomisation économique a eu un impact positif sur le
statut des femmes dans la communauté car elles ont gagné en respect et ont désormais
une voix dans leurs foyers.
- Abiba Omar Moussa, chargée
du transfert de technologie, Compact riz du Projet TAAT de la BAD, dirigé par
AfricaRice
[La nécessité de
sensibiliser les communautés agricoles sur ce que signifie l'autonomisation des
femmes]
Dans une étude menée par
AfricaRice sur l'accès à la terre dans le village de Yatia, district de
Faranah, en Guinée, on a demandé aux femmes pourquoi elles voulaient posséder
des exploitations agricoles séparées de celles de leurs maris. À cela, une
agricultrice a répondu : « Dans les conditions actuelles,
j'appartiens à mon mari, donc tout ce que je possède doit lui revenir ».
Une telle déclaration a conditionné les discussions au niveau communautaire
avec les hommes et les femmes, en précisant que l'autonomisation des femmes
n'est pas synonyme de confrontation avec les hommes, mais un moyen de
contribuer au bien-être socio-économique du ménage. En conséquence, les
agriculteurs de cette communauté se sont engagés à céder des terres agricoles
aux femmes. En outre, un magasin commun de stockage de grains appelé
« NERICA » a été construit grâce aux revenus de la vente du riz
NERICA cultivé dans les champs des femmes. Cela nous a montré que l'une des
premières étapes dans la poursuite de l'égalité des genres est de sensibiliser
les communautés agricoles sur ce que signifie l'autonomisation des femmes.
-
Maïmouna Ndour, assistante de recherche en sociologie à
AfricaRice
[La nécessité que les
chercheurs prennent en compte les nuances des rôles socioculturels des hommes
et des femmes afin de peaufiner des stratégies des projets]

-
Dr Harold Roy-Macauley, Directeur général d'AfricaRice
[La nécessité
d’impliquer les agricultrices dans les activités liées à la biodiversité agricole,
car elles jouent un rôle important dans la conservation et le maintien de la
diversité des cultures]
En ma qualité de présidente
du Comité des Programmes du Conseil d'administration d'AfricaRice, j'ai
récemment visité l'Unité des ressources génétiques (GRU) du nouveau Centre de
biodiversité du riz pour l'Afrique à M’bé en Côte d’Ivoire, qui détient la plus
grande collection d'accessions de riz africain au monde. Il s’agit d’un point
de référence en Afrique pour la biodiversité du riz, dirigé par une chercheuse
africaine dévouée : Dr Marie-Noelle Ndjiondjop. Une des jeunes femmes
travaillant au GRU, qui s'occupait de choisir méticuleusement les meilleures
semences, m'a expliqué qu'elle était issue d'une famille d'agriculteurs et
qu'elle cultivait également du riz. Partageant sa passion, elle a déclaré :
« j'aime ce travail car il m'aide à comprendre l'importance de la diversité
du riz. Peut-être que cette graine contient la réponse aux problèmes que nous
rencontrons au champ. En étant ici, en tant qu’agricultrice, je comprends mieux
comment nous pouvons travailler avec les chercheurs pour sélectionner ensemble
des variétés de riz bien adaptées ». Interagir avec elle m'a fait comprendre
qu'une telle implication est vitale pour atteindre nos objectifs de recherche.
-
Dr Sophie Thoyer, Présidente
du Comité des Programmes du Conseil d'administration d'AfricaRice